Naples à Paris : Le Louvre invite Naples

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Le Musée du Louvre propose une exposition « Naples à Paris « qui se tient jusqu’au 8 janvier 2024.

Alors il ne s’agit pas d’une exposition classique avec un espace dédié, comme ce que l’on peut vivre habituellement, puisque l’exposition propose trois actes en trois lieux distincts.

Personnellement, je n’ai pas apprécié le format, mais je vous délivrerai mon avis un peu plus tard.

Le musée du Louvre invite le musée de Capodimonte de Naples, actuellement en travaux, proposant 60 œuvres de l’école italienne.

Quel est ce musée de Capodimonte ?

Le palais, anciennement utilisé comme résidence de chasse par les souverains Bourbon, est aujourd'hui connu sous le nom de la Reggia en italien. Il abrite l'un des plus grands musées d'Italie et l'une des pinacothèques les plus importantes d'Europe, tant en termes de nombre que de qualité exceptionnelle des œuvres conservées. Capodimonte se distingue en tant que l'un des rares musées de la péninsule italienne à présenter des collections couvrant l'ensemble des écoles de la peinture italienne. En outre, il abrite le deuxième cabinet de dessins le plus important d'Italie, après celui des Offices, ainsi qu'une collection remarquable de porcelaines.

Il est le seul musée italien à proposer à ses visiteurs toutes les écoles italiennes, d'où sa renommée.

Le contexte de la collaboration

Le musée du Louvre, porté par Laurence des Cars,  réaffirme l’importance des collaborations entre les institutions muséales, comme fait récemment avec le transfert de 16 œuvres d’art ukrainiennes qui ont trouvé refuge des affres de la guerre dans notre beau musée  . Mais cela fera l’objet d’une prochaine vidéo.

Entre sauvetage et échange, cela permet au Louvre de se positionner comme un musée ouvert sur le monde.

Alors qu’attendre de cette exposition ?

Tout d’abord ne soyez pas surpris, car il vous faudra grimper quelques marches d’escaliers, magnifiques au demeurant, pour accéder à certaines parties de l’exposition, puisque je vous le rappelle, celle-ci est divisée en trois parties sur trois lieux différents : au sein du Salon Carré et du la Grande Galerie (Aile Denon, 1er étage), de la Salle de La Chapelle (Aile Sully, 1er étage) et de la Salle de l'Horloge (Aile Sully, 2e étage). Vous êtes déjà perdus ?

Si vous n’êtes pas habitués au Louvre, soyez attentif aux différentes affiches qui vous guideront comme un véritable archéologue à la recherche du Graal.

Mais une fois surmonté cet exercice de style, vous pourrez admirer des tableaux de grands maîtres tels que Le Titien, trois des plus belles toiles de Parmigianino, Le Caravage et la bouleversante crucifixion de Masaccio, ainsi que de magnifiques dessins préparatoires de Raphaël et de Michel-Ange pour les décors du Vatican.

N'oublions pas également des œuvres de Corrège et Carrache.

Enfin, la pièce maîtresse de l'exposition annoncée partout dans la presse et de la collection du musée de Naples est la cassette Farnèse, datée de 1548-1561, réalisée en argent, cristal de roche et lapis-lazuli.

Les tableaux napolitains se trouvent là parmi ceux du Louvre un peu comme des clandestins s’intégrant parfaitement aux œuvres des collections permanentes du musée.

Les cartouches rouges, qui illustrent les tableaux italiens, sont les seuls à nous rappeler leur origine, car on pourrait sinon croire que ces tableaux ont toujours été là, et cela est d’autant plus vrai dans la grande galerie.

Je vous propose maintenant de vous présenter quelques œuvres que j’ai choisi pour vous.

Danae par le Titien

Titien, le maître vénitien de la Renaissance, détourne les tableaux religieux médiévaux pour mettre l'accent sur l'humanité. Au sommet de sa carrière au XVIe siècle, il est sollicité par les plus grandes personnalités de son époque, dont le pape Paul III et l'empereur Charles Quint, pour réaliser leurs portraits. En 1551, il crée une série de six tableaux illustrant des épisodes majeurs de la mythologie, commandée par le prince Philippe d'Espagne, futur roi Philippe II.

Inspiré par les Métamorphoses d'Ovide, le premier tableau de cette série est Danaé. Cette œuvre résonne encore aujourd'hui comme un manifeste de la Renaissance italienne. Guidés par les principes humanistes, les artistes de cette époque revisitent l'Antiquité et son idéal de beauté, abandonnant ainsi le modèle artistique et philosophique du Moyen Âge, où Dieu était au centre de tout. Désormais, c'est l'humain qui occupe le cœur des créations artistiques et des préoccupations, et Titien proclame cette transformation de manière éclatante à travers cette représentation nue, incarnant la chair, les os et la passion.

Il faut garder en mémoire que dans les représentations médiévales, Danaé était souvent vêtue d'une tunique bleue, évoquant la Vierge Marie.

Ici, Titien rompt avec cette tradition sacrée. Au contraire, il lui donne des attributs typiques d'une courtisane, tels que des cheveux blonds tressés, des boucles d'oreilles et un bracelet. Allongée nue, baignée dans une lumière éclatante et reposant sur des draps blancs soyeux, elle s'offre sans pudeur au visiteur impromptu, qu'il soit Jupiter ou un simple spectateur du tableau.

Pour donner vie au mythe de Danaé, Titien aurait puisé son inspiration dans les courbes voluptueuses de la Léda perdue de Michel-Ange et dans l'allégorie de La Nuit du tombeau de Julien de Médicis. Le succès de cette œuvre est tel que l'artiste réalisera une autre version pour le roi Philippe II d'Espagne. La jeune mortelle, approchée par Zeus sous la forme d'une pluie d'or, continue d'alimenter l'imaginaire des plus grands peintres, du Tintoret à Gustav Klimt, en passant par Rembrandt.

Antea du Parmigianino

J’ai trouvé cette femme magnifique, mystérieuse.

Mais qui était-elle vraiment ? Est-ce qu'Antea, comme certains historiens l'ont suggéré, était une célèbre courtisane romaine ? Était-elle la maîtresse du peintre, sa servante, un amour impossible ou simplement le fruit de son imagination ? Quoi qu'il en soit, l'énigmatique Antea hante l'œuvre du Parmigianino jusqu'à sa dernière toile, La Vierge au long cou.

La célèbre Antea de Parmigianino (1524), semble réservée si ce n'était pour la présence de la fourrure de martre à l'œil perçant qui imprègne le tableau d'une sensualité sauvage. Son bras gauche semble effacé, raccourci, reflétant les déformations typiques du maniérisme. La parfaite séparation des cheveux, soulignée par une perle, répond au décolleté qui dirige le regard du spectateur vers les seins, créant une fausse symétrie trompeuse.

Mon coup de cœur de cette exposition est  Cabinet des Dessins et des Estampes de Capodimonte, qui doit une partie de ses trésors à Fulvio Orsini. Cette collection rare comprend des dessins d'étude et des dessins préparatoires, notamment des cartons considérés comme des œuvres autographes de Raphaël et de Michel-Ange. Ces pièces uniques seront mises en dialogue avec des cartons célèbres conservés au Cabinet des Dessins du Louvre, offrant ainsi une expérience fascinante pour les amateurs d'art : quel bonheur de pouvoir s’approcher de si près. Une intimité se crée entre vous et la finesse du dessin.

A noter certains cartons de grandes dimensions, plutôt rarement exposés et des grands dessins préparatoires de Raphaël ou de Michel-Ange pour les décorations du Vatican.

Mon avis sur l’exposition

Vous l’aurez compris, l’éclatement en trois parties ne m’a pas séduite, bien que la démarche soit logique si l’on voulait marier un temps les collections du musée italien et celles du Louvre.

Mais de mon point de vue, il ne s’agit là que d’un léger flirt artistique, car il n’y pas véritablement de dialogue entre les œuvres pour un public qui n’est pas forcément averti.

De mon point de vue, j’aurais préféré avoir un espace dédié avec un aspect peut-être plus didactique pour faire comprendre le dialogue entre les œuvres.

Donc il faut voir cela plutôt comme une balade dans le Louvre avec le fil rouge de cette exposition, qui permet de voir de grands chefs d’œuvres.

Une occasion rare de découvrir la richesse et la diversité de la collection de Capodimonte, tout en redécouvrant les trésors du Louvre sous de nouvelles perspectives.

Le point positif de cet arrangement, est que vous sillonnez les salles du Louvre et vous vous dites : quel endroit merveilleux, il faut vraiment que je revienne.

Donc, comme je le dis souvent, allez au musée et profitez de ce bouillon de culture qui vous est proposé ici .

Elodie Couturier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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