Jacques Doucet/Yves Saint Laurent : Pour l’amour de l’art

Jacques Doucet/Yves Saint Laurent : Pour l’amour de l’art

Les univers de deux collectionneurs de légende, les couturiers Jacques Doucet (1853-1929) et Yves Saint Laurent (1936-2008), se confrontent et se répondent à la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent. Entretien avec Jérôme Neutres, chef d’orchestre de ce musée imaginaire.

Convoquer dans une exposition deux collections légendaires du XXe siècle, toutes deux dispersées aux enchères, semble tout simplement mission impossible. Quelle est l’origine de ce projet hors normes ? Quelles en furent les difficultés ?

L’idée en revient à Pierre Bergé, une personnalité qui ne craint pas les missions impossibles… Au-delà de la conception de l’exposition, la difficulté résidait dans le double travail de détective et de diplomate qu’il fallait mener de front. Travail de détective car il faut d’abord localiser les œuvres. Il y a bien sûr de grands chefs-d’œuvre qui sont conservés dans de grandes institutions. La liste des prêteurs le dit : le Louvre, le musée d’Orsay, la Tate Britain, la Menil Collection à Houston, le musée de Philadelphie, le musée de Richmond (Virginie), le musée Angladon d’Avignon, le musée des Arts décoratifs, le musée Guimet, le musée Cernuschi, le Louvre Abu Dhabi, le Centre Pompidou, la Bibliothèque nationale de France et j’en oublie… Mais beaucoup d’œuvres se trouvent dans des collections privées que nous devions identifier. On sait bien sûr que L’Homme à la guitare, chef-d’œuvre cubiste de Picasso, est conservé au Philadelphia Museum of Art ; on sait que Le Revenant de Giorgio de Chirico se trouve au Centre Pompidou, La Blouse rose de Modigliani au musée Angladon. Mais où était le premier tableau cubiste acheté par Jacques Doucet avant même d’acquérir les Demoiselles d’Avignon ? Dans le studio de la rue Saint-James à Neuilly, cette peinture intitulée Table était accrochée sous Le Revenant, telle qu’on la voit dans l’exposition. Nous l’avons finalement retrouvée à Salzbourg. Comme je le fais pour chacune des expositions que j’organise, nous avons mis en place une sorte de « tam-tam », en informant de notre projet quelques personnes de confiance et des amis appartenant au milieu artistique. Ils n’avaient pas pour mission de négocier des prêts, mais ils ont aidé à faire connaître le projet aux quatre coins du monde.

 

Conseillé par André Suarès, André Breton ou Aragon, Doucet a constitué une exceptionnelle bibliothèque littéraire. Il a fait don à l’Université de Paris de la Bibliothèque d’Art et d’Archéologie qui porte son nom. À Neuilly, rue Saint-James, il a créé un intérieur de légende, où trônaient Les Demoiselles d’Avignon de Picasso. Sur quelles études vous êtes-vous appuyé pour évoquer la figure de cet immense mécène et collectionneur ?

En savoir plus par Jérôme Coignard, Connaissance des Arts

Jacques Doucet Yves Saint Laurent

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