Abdallah Benanteur, un des fondateurs de la peinture algérienne moderne.

Abdallah Benanteur, un des fondateurs de la peinture algérienne moderne.

Benanteur, un artiste qui a la cote

Biographie

Il commence à dessiner et peindre en 1943, fréquente les ateliers de sculpture puis de peinture de l'École des Beaux-Arts d'Oran, où il rencontre Guermaz. En 1953 il vient, avec son ami d'enfance Mohammed Khadda, s'installer à Paris. Après une première exposition personnelle en 1957, il expose régulièrement en France mais aussi en Allemagne et au Danemark. Il réalise en 1961 des dessins pour Matinale de mon peuple du poète Jean Sénac.

À partir de 1962 Benanteur pratique la gravure, illustre de nouveau des poèmes de Sénac et réalise ses premiers livres de bibliophilie. Il participe à l'exposition des « Peintres algériens » organisée en 1963 à Alger pour les « Fêtes du 1er novembre » et préfacée par Sénac puis en 1964 à celle qui est présentée à Paris au Musée des arts décoratifs. En 1965 il fonde la collection Charef, du prénom de son frère disparu durant la guerre d'Algérie, qui en une quarantaine d'années compte 1500 ouvrages. Benanteur en choisit le plus souvent les textes parmi les poètes mystiques arabes et persans qu'il a lus dans son adolescence, les écrivains algériens contemporains, les poèmes de sa femme, Monique Boucher, également peintre et, à partir de 1994, un large choix de poètes du monde entier. Benanteur conçoit la typographie de ses livres, exécute lui-même la composition et l'impression, à un nombre limité d'exemplaires, qu'il enrichit d'épreuves d'essai de ses gravures, de dessins et de gouaches. Des rétrospectives de ses œuvres ont été présentées au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1970 et à l'Institut du monde arabeen 2003. Il est le père du photographe Dahmane Benanteur.

Benanteur a été professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris puis à l'École des arts décoratifs de 1971 à 1974. Il est nommé membre du comité de la Jeune gravure contemporaine, du comité national du livre illustré français, de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque de l'Arsenal. Ayant longtemps travaillé dans une imprimerie, il se consacre entièrement à la peinture à partir de 1989, exposant chaque année son travail à la galerie Claude Lemand (préfaces de Monique Boucher, Michel-Georges Bernard, Bruno Jaubert, Raoul-Jean Moulin, Bernard Fabre et Youri). Depuis 1994 il a réalisé un millier de livres à exemplaire unique.

L'œuvre

« J’ai été très jeune attiré par le dessin. Ma chance a peut-être été toute une suite de longues maladies infantiles qui m’ont retenu à la maison. A onze ans, je dessinais beaucoup, des fleurs, des natures mortes avec des citrons, plus tard des portraits. J’en suis arrivé à la peinture. J’ai copié des reproductions en noir et blanc de Rembrandt. J’ai aimé les classiques du xixe siècle, notamment Monticelli de qui il y avait plusieurs toiles au musée d’Oran. Après, j’ai découvert Matisse, Paul Klee, éblouis par cet Orient coloré qu’ils avaient peint et que je ne connaissais pas. Mais aussi Franz Marc et l’expressionnisme allemand », a confié Benanteur.

Lorsqu'il s’installe en 1953 à Paris, c’est tout naturellement qu’il entre, formé dans la vision abstraite des signes qui parsèment les poteries, les tapis et les coffres de son enfance, dans le chemin de la non figuration. Entre gris et ocres éteints, bleus et verts assourdis, une lumière souvent lunaire éclaire alors ses toiles. Benanteur y desserre bientôt l’entrelacs de ses arabesques, Les lignes des ancêtres (1957) font paraître comme les fragments d’écritures disparues. À travers un mince réseau de nervures et craquelures, leurs signes se ramifient puis s’enchevêtrent. Les tonalités aurorales virent aux bruns sourds des écorces, aux ocres des sables et des roches désertiques (Sur les bords du Nil, 1958 ; Hoggar, 1959).

« Le monochrome l’a emporté dans ma peinture », confiera Benanteur, « pendant cinq ans, c’est l’ocre qui a régné, avec ses dégradés, miel et sable ». À partir de 1960, les larges touches de la couleur s’épaississent sur ses toiles, recouvrent la fine grille qui les articulait. Puis sa peinture semble, autour de 1962, s’installer au bord de terres obscures que n'éclairent plus que de lointaines marbrures. Après cette « période noire », c'est comme depuis l'autre côté de l'ombre que la lumière réapparaît, en 1970, par degrés, irréelle, dans les halos de mystérieux Pots ou flacons l'irradiant au milieu de l'ombre. De leur clarté interne resurgissent les couleurs, intenses à nouveau. Quatre ans plus tard le cortège des Errantes, qui figurent dans la collection de l'Institut du Monde Arabe, annonce la longue suite des Visiteuses. Dans un espace de nulle part cheminent de toile en toiles de pâles présences indécises, sur le point de prendre forme au bord de leur disparition.

La peinture de Benanteur ne cesse par la suite de s’ajourer, s’imprègne après 1976 de toutes les tonalités de l’aube et du couchant. Dans ses coulées d'ambre parmi des massifs de bleus profonds, un polyptyque de cinq mètres de longueur reconduit en 1981 le peintre dans les gammes les plus solaires. Une sorte d' « ultra-lumière », comme en fusion, décolore de son incandescence le centre ou la partie supérieure de ses toiles. Dans les diptyques et polyptyques qu'il multiplie alors Benanteur retrouve les rives d'une Méditerranée dont l'au-delà du souvenir avive les éclats (Paysage à Médéa, 1984; Pâturages de lumière, 1985; Retour à Tipaza, 1986; Le printemps au village, 1988). Aériennes, plus claires ou plus obscures selon l’élément devant lequel elles glissent, de minuscules silhouettes les demeurent, solitaires ou réunies en groupes, que le peintre nomme au gré de son humeur (Les élus, 1987;Les contemplatifs, 1988; Les faiseurs de nuagesLes pythonisses, 1989; La poétesseLes couples, 1990). Tout à la fois visions oniriques de l'univers des ancêtres, résurgence des marchés et fêtes de l'enfance, dialogue avec les œuvres classiques de la peinture italienne ou flamande, cette foule anonyme donne à l'espace une dimension d'immensité, un climat de Sérénité (1989).

À partir de 1991 Benanteur s’engage dans une série de plus larges « voyages » imaginaires (Promenade en PerseEn OrientEn IndeAu PakistanEn AlgérieDjurdjuraAu Cachemire). De toile en toile s'étend un Haut-Pays resserré de gorges et défilés, cols et falaises, éboulis, clairières et bosquets. Les horizons s’y étagent en lointains massifs, la couleur semblant sourdre des porosités de la roche, des écailles du sol, des failles des montagnes. Dans des lumières plus voilées ces paysages non figuratifs laissent place, sur la fin des années 1990, à une présence plus diffuse des éléments. Jamais Benanteur n'y représente la nature dans la réalité de ses spectacles mais, en réfractant l'élan pur de couleurs et de lumières, jamais sa peinture ne la quitte d'un instant.

Citation

« Chaque matin, quand j’ouvre la porte de mon atelier, j’entends l’art se dire : « Voici le toqué qui vient chez moi ». J’adresse ma reconnaissance à l’art mais je ne l’ai jamais entendu me remercier. Je voudrais m’effacer dans l’art. Etre peintre, c’est être le « larbin » de l’art, et peu de gens l’acceptent. Ca me chagrine d’être un enfant de notre époque car elle est artistiquement la plus mauvaise et la plus complaisante. Tout en étant petit artistiquement, on a la possibilité d’être consacré grand médiatiquement. Ce sont les médias qui créent, diffusent et consacrent les célébrités. Finalement, ce que l’on sait sur la personne n’existe pas, la personne du peintre est un obstacle entre lui et la peinture. C’est en nous effaçant en elle que nous la ferons exister. Dans les musées, devant la glorieuse production du passé, je ne me sens pas un seul instant peintre. Devant les glorifications de la modernité, par contre, je me sens à nouveau peintre. Chaque fois que je regarde les œuvres du passé, ma foi dans l’art en tant que valeur sûre et absolue augmente. » (O. Hadjari, Entretien avec Benanteur, dans « Ruptures », n° 19, Alger, 18 mai 1993)

La cote de Benanteur sur le marché de l'art.

Si nous parcourons les derniers résultats concernant la vente des peintures, nous constatons que les œuvres de l'artiste algérien Benanteur attirent les collectionneurs : "Le Rivage" est une huile sur toile de 120 x 60 cm adjugée 18.000 euros à Dubaï. Les acheteurs sont européens ou proviennent du Moyen-Orient. 

Les fourchettes de prix s'étirent entre quelques milliers d'euros jusqu'à plus de 50.000 euros pour le Carnaval vénitien, tableau de grandes dimensions (190 x 350 cm) adjugé 53.000 euros.

Les œuvres sur papier, la plupart du temps des aquarelles sur papier, sont adjugés à des prix bien modestes, entre quelques centaines d'euros, dépassant rarement 1.000 euros.

Si vous possédez une peinture ou un dessin de Benanteur, nos experts vous communiquent gracieusement en ligne une estimation. Nous vous conseillons pour toute démarche de vente, vente aux enchères ou vente de gré à gré auprès de nos collectionneurs. 

Benateur - expertisez.com

 

Articles en rapport