Le Nu choque-t-il encore : de Courbet à Kardashian

Le Nu choque-t-il encore  : de Courbet à Kardashian

Le Nu, un sujet lié à notre intimité : l'art  a t-il des limites?

Alors que la star de télé-réalité Kim Kardashian  reste au cœur de la polémique liée à la photo de ses fesses prise par le photographe français Jean-Paul Goude pour la revue Paper, retour sur un florilège des unes de célébrités dénudées les plus controversées de tous les temps.

Si la une du magazine Paper est actuellement au cœur d'une controverse très animée liée au fessier callipyge de Kim Kardashian, le fait d'utiliser la nudité en une d'une revue, que ce soit pour des motifs artistiques ou dans le simple but d'afficher une image agressive, ne date pas d'hier.

Pour faire vendre leurs numéros, certains journaux ont souvent provoqué la polémique par des couvertures de célébrités déshabillées. Même si elles ne se trouvent plus en kiosque, certaines, jugées scandaleuses, restent mémorables.

En 1980, la photo de John Lennon et Yoko Ono prise par Annie Leibovitz le jour de l'assassinat du chanteur des Beatles, mettant en scène celui-ci nu, enroulé autour de sa compagne, est utilisée pour la couverture du magazine Rolling Stone. Le bimensuel américain sera marqué à tout jamais par ce cliché caractéristique, bien qu'il récidive les couvertures «choc» à travers les années.

C'est cette même revue consacrée à la pop culture et à l'actualité musicale que choisira Britney Spears la première fois qu'elle s'affiche dénudée dans les médias. En 1999, la petite protégée de l'Amérique catholique n'a que 17 ans quand elle fait comprendre à Disney qu'elle n'est plus une gamine. L'interprète de Baby One More Time provoque en posant en sous-vêtements dans un décor enfantin, jouant sur le côté ado sexy, type Like A Virgin. Quatre ans plus tard, elle remet le couvert pour Rolling Stone… mais sans le soutien-gorge.

Plus récemment, c'est Rihanna qui créé la polémique en posant pour le magazine Lui. L'été 2014, la chanteuse pose en culotte, poitrine à l'air, corps huilé et piercing au téton apparent pour la revue deFrédéric Beigbeder. La publication du cliché sur Instagram aura valu à «Riri» la suppression de son compte par les responsables du célèbre réseau social. Source le Figaro

Au cinéma, Marion Cotillard n'a jamais eu peur d'être filmée nue quand le scénario l'exigeait. L'actrice se montre plus pudique dans les magazines. Pourtant, la Française oscarisée apparaît dans le plus simple appareil pour le magazine de tendances russe SNC. La photo en noir blanc a été réalisé par un proche de la compagne de Guillaume Canet, Eliot Bliss, avec qui elle a dirigé un clip pour Dior récemment. Pour cette image, la jolie brune n'a gardé que ses chaussures plateformes et ses sautoirs siglés Chopard. Le tout souligne les jolies formes de «la Môme». En pleine promotion mondiale, afin d'aider le film des frères Dardenne à décrocher une sélection aux Oscars, «la Cotillard» a joué la carte de l'élégance et du glamour... source Le parisien

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L'Origine du Monde de Gustave Courbet date de 1866 et a choqué bien plus d'un public

Et pourtant cela n'est pas nouveau. Revenons sur l'analyse de ce tableau.

Une œuvre subversive

Enfin, si cette toile dérange aussi, il me semble, c’est qu’elle est féministe avant l’heure. Car enfin, que doit-on comprendre par ce titre L’Origine du monde ? Le peintre nous montre un sexe féminin et le désigne comme « l’origine du monde ». Qu’insinue-t-il ? Que c’est de là que naît toute vie ? Que l’acte sexuel est à l’origine de tout ? Que la femme a créé le monde ? Auquel cas il s’agirait d’un blasphème. Si c’est la femme qui a créé le monde, ce n’est plus Dieu qui, comme chacun sait, est un homme. Ajoutons que ce tableau est féministe parce qu’il désamorce tout regard voyeuriste. La vérité de cette toile est tellement triviale et pudique par excès d’impudeur qu’il est difficile d’y déceler un quelconque érotisme. Pour une fois un nu féminin ne sera pas le prétexte frauduleux pour que des bourgeois voyeurs et hypocrites se délectent sournoisement et en toute bonne conscience devant une allégorie de Vénus en nymphette imberbe. Non, ce sexe offert nous agresse, nous regarde et nous juge. Il n’est pas observé à son insu, il nous toise. Cela dit, une faille apparaît dans ce féminisme masculin anachronique. Courbet a découpé ce corps pour ne nous présenter qu’un tronc. J’y vois le résidu d’un fétichisme et d’un sadisme typiquement masculin, quelque peu misogyne, limite « étal de viandes ».

On le voit, ce tableau a tout pour déranger. A l’instar d’Olympia de Manet, il interroge l’observateur, l’intègre dans sa mise en scène et l’oblige à se positionner et à se démasquer. C’est sans aucun doute la raison pour laquelle, près d’un siècle et demie après sa création, il laisse encore aujourd’hui peu indifférents.

Source : Le sens des images

Origine du monde - Courbet