Henri Goetz et l'Abstraction

Henri Goetz et l'Abstraction

Henri Goetz, la période abstraite

Avant 1947, un changement s’opère dans les dessins de Goetz. Il se détache progressivement de l’imprégnation surréaliste. Il s’oriente vers un graphisme, les images et les constructions s’épurent, se simplifient, il donne de plus en plus d’importance à la ligne et au trait qui deviendront la matière même de la composition. Il faudra attendre 1947 pour que cette tendance se généralise dans tout son art.

Il n'y a plus de visions chargées par l’inconscient et les formes allusives : la primauté est donnée à la construction par la ligne, la technique picturale est d’une touche plus libre et on ne trouve plus trace des glacis ni du clair-obscur. Une plus grande importance est donnée à la couleur et a sa puissance expressive. Goetz est en train de libérer et d’explorer sa palette.

L'abstraction de Goetz, au cours des années 1950, est voisine de celle de Hartung, de Soulages et de Schneider par la vivacité des tracés graphiques et le rôle des fonds colorés7. Dès 1960, le monde extérieur reprend place dans l'élaboration des œuvres, à partir des suggestions offertes par le paysage ou les objets (Bord de rivière en Corse, 1965, pastel à l'huile, coll. part.).

La période abstraite de 1947 à 1960 est une période de transition qu’il faut distinguer de l’abstraction comme constante de son esthétique. Dans cette période, l’artiste fait le point sur tous les moyens d’expression, il expérimente, les choisit, les essaye, jusqu’à trouver ceux qui vont renouveler son style. L’espace de la peinture de Goetz change, il reçoit une nouvelle lumière. L’espace n’est plus le rideau de scène, c’est une réalité sensible. De 1950 à 1960, une géométrisation de plus en plus poussée s’affirme. Les formes se dépouillent et se séparent finalement les unes des autres, sur un espace richement coloré.

Goetz ne renonce cependant pas à la profondeur au profit de la surface. Le traitement par volumes disparaît mais les fonds se diversifient : les couleurs s’éclaircirent et de nouvelles gammes apparaissent. L’abstraction détourne Goetz de la technique traditionnelle et lui permet de découvrir la peinture dans son fonctionnement.

Au début de l’année 1959, Goetz et Christine quittent leur atelier Notre-Dame-des-Champs, trop petit pour deux artistes. Leur nouvel atelier se situe rue de Grenelle, au numéro 174, dans un grand pavillon avec un grand jardin. Ils y installent deux ateliers, un pour Goetz au rez-de-chaussée et un pour Christine à l’étage. Il a suffisamment de place pour y installer également un atelier de gravure.

Le couple passe beaucoup de temps, pendant les mois d’été, dans leur cabanon au Cannet, sans aucun confort mais avec une vue magnifique sur la baie de Cannes. Goetz peint partout où il se trouve. Pendant l’une de ces sorties, sa démarche connaîtra un nouveau changement. Il s’aperçoit que sa peinture reçoit des influences de l’extérieur, une lumière qui irrigue ses tableaux et des couleurs qui imprègnent celles qu’il utilise. Il va renouveler cette expérience en choisissant à chaque fois un lieu de travail différent. Le paysage dans lequel il se trouve s’infiltre à son insu dans sa peinture. Il réalise des tableaux abstraits d’après nature. C’est ainsi que débute sa période lyrique. Presque involontairement, Goetz trouve la réponse aux polémiques et aux querelles qui radicalisent les positions des artistes abstraits, une réponse qui convient à son œuvre, et il échappe ainsi aux dangers du formalisme. Ce changement bascule tout : la composition, les couleurs, la technique.

Durant cette période se situant entre 1960 et 1974, que l’on pourrait qualifier de lyrique à cause de la technique picturale spécifique par des touches sensibles, le vocabulaire de Goetz s’élabore et se constitue. Toutes les influences des courants des époques précédentes sont absorbées et intégrées dans son œuvre.

À partir de 1974, Goetz revient à une peinture d’atelier. « Je n’ai plus besoin de regarder la nature : elle est en moi maintenant. » Après la mort de Christine an 1971, l’œuvre de Goetz se confond encore plus avec sa vie. Son art représente désormais une fusion entre l’extérieur et son univers intérieur. Il s’éloigne du monde concret et sa sémantique picturale atteint une dimension cosmique et planétaire. Jean-Pierre Geay, son ami et poète, appelle ce nouveau mode de représentation de l’espace chez Goetz le « figuralisme ». Source

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